Éthique et politique

- Par Stéphane Guay

La récente nomination du conseiller municipal Daniel Cournoyer au poste d’attaché politique du ministre libéral François-Philippe Champagne m’incite à aborder la thématique de l’éthique dans notre monde politique.

Si cette nouvelle fonction peut générer des maux de tête chez certains de ses collègues du conseil, rappelons que cette double fonction est parfaitement légale. Elle s’inscrit davantage dans le monde des perceptions, de la morale et de l’éthique. Un nouveau mandat qui relève en grande partie du travail politique et partisan, quoiqu’en dise le principal intéressé.

Bien qu’il soit vrai que les employés politiques d’un bureau de circonscription soient appelés à offrir une prestation de travail de type administratif afin de guider le citoyen dans l’appareil gouvernemental, la fonction en est une politique et clairement associée à un parti. Pour preuve, je vous lance un petit défi: essayez de trouver ces postes dans la rubrique emplois des petites annonces du Nouvelliste. Le personnel provient généralement de la garde rapprochée des candidats élus ou du bassin de militants du parti. Contrairement aux fonctionnaires de l’État, qui sont apolitiques, l’attaché, lui, fait de la… politique. Le conseiller de Sainte-Marthe sera, dès à présent, constamment associé au parti libéral du Canada lors de ses activités de représentation, et ce, peu importe le chapeau qu’il choisira pour couvrir son chef. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose? Il reviendra aux citoyens de ce secteur d’en juger, mais à première vue, il m’apparait difficile de percevoir des inconvénients à court terme pour ces derniers. Il existe de bien pires préjudices que d’être représenté par un membre du personnel politique d’un ministre influant du gouvernement en place.

Quoi qu’il en soit, plusieurs questions me traversent l’esprit. En serait-il de même s’il travaillait pour un élu dans l’opposition? Et qu’en serait-il si un ou une autre collègue faisait à son tour le grand saut, mais du côté opposé du ring? Par exemple, serait-il bénéfique ou néfaste pour le climat de travail à la table du conseil de voir un collègue porter les couleurs du Bloc pendant son mandat à l’Hôtel de ville? Et si madame Mercure avait été l’attaché politique du député néo-démocrate défait Robert Aubin? J’imagine déjà un embrasement digne de l’Australie sur « les  internets ».

L’actualité des derniers mois nous a permis de constater l’élasticité du code d’éthique et de déontologie chez nos élus municipaux. Pensons à la conseillère Valérie Renaud-Martin qui, par soucis de transparence, avait montré pattes blanches en renonçant à son salaire d’élue municipale lors de sa campagne fédérale ou encore à la représentante du district des Forges qui a revêtit son costume de militante marchant, pancarte à la main, sur la mince ligne de l’acceptable en raison de ses déclarations incendiaires. Rappelons-nous aussi du conseiller Luc Tremblay qui a pour sa part trébuché sur cette même ligne en raison d’un écart de langage lors de clavardages sur les réseaux sociaux. Force est de constater qu’il existe plus d’une façon d’interpréter ou de se comporter avec ce texte règlementaire. Règlement rédigé, rappelons-le, par ces mêmes élus.

Je termine en vous laissant sur une cette citation de Machiavel : « Deux grands mobiles font agir les hommes : la peur et la nouveauté. » Pour ma part, dans le cas de monsieur Cournoyer, j’aurais tendance à opter pour le second. Se serait-il laissé tenter par l’appel d’un défi nouveau? Assistons-nous à une transition professionnelle le menant vers une tombée de rideau de sa carrière municipale? N’avait-il pas déjà publiquement remis en question son implication politique lors de son exclusion au comité exécutif de la ville l’année dernière? Qui sait.

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