Parti politique municipal : une fausse bonne idée

- Par Marie-Claude Camirand - 

Le sujet de partis politiques municipaux occupe de l’espace médiatique depuis les dernières semaines. Un lance une pétition (qui devra être déposée à qui exactement? Le mystère reste entier), un autre décide de réserver un nom au Directeur général des élections.

J’avoue que la démarche du premier (M. Beaulieu) me laisse dubitative. Si vous êtes insatisfait des décisions, si vous croyez en d’autres valeurs et pensez que d’autres personnes feraient mieux, et que par conséquent vous croyez que c’est un parti politique qui sera la solution, partez-le! Une pétition avec 39 signatures ne mènera pas à la création d’un parti. Nous vivons dans une société qui permet à tout citoyen de pouvoir se lancer en politique. Alors, allez-y!

Quant au deuxième, Luc Gervais, il partage l’avis du premier en ce sens que les deux semblent penser que de former un parti politique pour les prochaines élections municipales sera la panacée qui réglerait tous les « problèmes » au conseil. Sur un ton belliqueux, ces messieurs expliquent qu’ils croient que le conseil est « paralysé » que les choses « n’avancent pas ». Ils répètent ceci comme une litanie, mais sans jamais expliquer ni étayer leur argumentaire. Le fait que des conseillers donnent leur opinion et votent en toute indépendance, le fait que le conseil soit parfois divisé sur certains dossiers, le fait que le conseil ne dise pas « oui » à toutes les demandes n’est pas un « problème », c’est simplement la démocratie et la liberté de pensée qui s’exprime.

Entendons-nous, vouloir créer un parti politique est un exercice citoyen tout à fait louable et de s’intéresser aux grands dossiers de la ville également. Il y aussi une marge entre manifester son inconfort ou son opposition à certaines décisions et créer un parti en réaction à ceci. Créer un parti sur la base d’une contestation est rarement une bonne idée et c’est à ce moment que ce parti deviendra une « clique ».  De plus, le but de l’exercice est d’abord et avant tout de travailler en équipe et de rallier des gens motivés par des orientations communes.

C’est là où le bât blesse concernant M. Gervais. Un parti, c’est d’abord un regroupement de citoyens qui veulent se doter d’un outil pour faire passer un programme, des valeurs. Un parti, c’est ensuite des membres, un exécutif et des gens qui peuvent s’exprimer et prendre des décisions EN ÉQUIPE. C’est aussi des assemblées votantes, Et c’est ce qui fait cruellement défaut dans ce cas-ci. M. Gervais fait cavalier seul. Nous ne sommes plus devant un outil citoyen, mais bien devant le parti d’une seule personne, une personne qui a fait son annonce médiatique seule, une personne qui décidera unilatéralement des candidats qu’elle acceptera ou non dans « son » parti. Monsieur Gervais attend même tranquillement que les « gros noms » frappent à sa porte pour être candidat à la mairie!

Dans un conseil municipal, et en politique en général, les gens ont une volonté de vouloir s’associer lorsque des préoccupations communes se font sentir. Il s’agit d’une association naturelle à travers des valeurs, des dossiers, de façon ponctuelle. C’est justement la définition du travail d’équipe. Un noyau se forme sur un point commun et ensuite, ce noyau tente de convaincre les autres que leur point est le meilleur. C’est exactement à ça que servent les discussions politiques, les négociations. Pourquoi galvauder le mot « clique » en y associant une connotation péjorative?

D’un point de vue plus personnel, l’indépendance de pensée a toujours été très importante pour moi lorsque j’étais conseillère municipale et c’est assurément ce qui importe à la majorité des conseillères et conseillers en place en ce moment. Je me suis parfois prononcée contre certains dossiers, souvent pour d’autres, et parfois j’en ai porté à bout de bras.  Mais toujours j’ai eu comme point d’honneur de pouvoir m’exprimer et me positionner de façon libre. Servir les citoyens de son secteur sera toujours plus important que de servir un chef de parti.

La différence entre des consensus mûrement discutés et de la division, c’est le leadership du maire. On l’a un peu éludé du discours, mais au final, on en revient à ceci : on s’attend du premier magistrat d’avoir cette capacité de discuter, d’écouter, de négocier et ensuite de trouver la meilleure formule pour rallier le conseil. Est-ce le cas en ce moment? Il reste un an et demi pour avoir la réponse.

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